Cinplass dans le décor de Jocaste

Avec une semaine de retard, voici mes pensées sur Cinplass, le spectacle où cinq personnes inventent ce qui leur passe par la tête dans un décor qu’ils n’ont jamais vu auparavant.

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Source : cinplass.com

Presque deux heures sur une scène, avec quatre autres personnes. Sans filet. Pour moi : un cauchemar pur et simple. Pour eux : un genre de soirée de travail.

Étant donné que les cinq comédiens de Cinplass n’ont jamais vu la scénographie de la pièce dans laquelle ils mettent les pieds avant le soir même du spectacle, la façon dont la scène est aménagée ne peut qu’influencer les différentes histoires qu’ils nous racontent. Dans le cas de Jocaste, un grand mur blanc cache les deux tiers de la scène. Les seuls accessoires disponibles sont trois ou quatre bancs, blancs eux aussi.

Vendredi dernier, nous avons eu droit à une série de mini-histoires, la meilleure d’entre toutes étant indéniablement celle de « l’homme qui pousse ». Antoine Vézina était particulièrement en forme dans cette impro où c’est « lui, qui pousse »! En effet, il pousse… tout. Tout ce qui est dans son chemin, partout, tout le temps.

 

Autrement, c’est sûr que tous les sketches n’étaient pas aussi forts les uns que les autres, mais je trouve toujours aussi fascinant d’observer des comédiens jouer au bungee de la sorte. Même ceux qui ne connaissent pas leur meilleure soirée m’impressionnent par leur courage de se lancer dans une entreprise aussi casse-cou. Au final, on rassemble toutes ces histoires dans une conclusion dont seul Cinplass a le secret.

Si ça vous intéresse de les découvrir, il leur reste encore une soirée d’impro-théâtre, le 13 mai 22 h, dans le décor de la pièce Les lettres arabes. Sinon, ils seront dans la rue du 14 au 18 juin 2011. Communiquer avec L’espace libre pour plus de détails.

Dragonfly of Chicoutimi : plus qu’un exercice de style

Source : FTA

L’année dernière, une nouvelle version de Dragonfly of Chicoutimi a été présentée au Festival TransAmériques. Le monologue y était présenté par cinq acteurs plutôt que par un seul. De plus, la mise en scène permettait que chaque acteur présente un angle différent du personnage.

Bonne nouvelle : cette deuxième mouture de la pièce, créée en 1995, sera présentée à l’Espace Go du 19 février au 22 mars. À mon avis, le principal intérêt de cette pièce n’est pas tant l’histoire qui y est racontée que le texte lui-même. Je vous explique : le personnage de Gaston parle anglais, mais pas vraiment. En fait, il parle un français sur lequel il y a une grosse beurrée d’anglais. On le comprend à ses constructions de phrases étranges (vocabulaire, syntaxe, the whole nine yards) et aux expressions qui proviennent du français (p. ex. horse tail). D’un point de vue langagier, c’est captivant. Surtout lorsqu’on sait que l’auteur Larry Tremblay a écrit sa pièce pratiquement d’un trait, en se référant le moins possible au dictionnaire. En fait, l’anglais du personnage est tellement teinté de français que, quelques années après avoir assisté au spectacle,  certains spectateurs jureraient avoir vu la pièce en français. Fascinant.

La mise en scène ajoute aussi à l’intérêt de voir la pièce. Pour les acteurs, c’est tout un tour de force d’avoir à interagir ensemble sans pouvoir se regarder, sans repères. C’est un peu comme marcher dans la forêt, en pleine nuit, sur un sentier que l’on connaît déjà, j’imagine. Observer ces cinq acteurs et comprendre quelle facette ils incarnent vaut également le détour.

Pour ma part, je retourne voir la pièce en mars; il est donc possible que j’ajoute un autre paragraphe à ce billet!